Le taro est un tubercule très apprécié dans la zone pacifique, nous avons répertorié sur Wallis 20 variétés (14 nouvelles, 6 anciennes) tandis qu’à Futuna nous comptons 34 variétés encore en culture (21 nouvelles, 13 anciennes). Cette diversité d’espèce démontre l’attachement de notre territoire à ce tubercule. Il est présent dans la coutume, les devoirs sociaux et également dans la consommation personnelle des locaux.

C’est pour cela que la CCIMA a décidé de le mettre à l’honneur dans son marché du 27 juillet à Aka’aka.

La CCIMA s’est rendu sur le terrain à la rencontre de différents profils de cultivateurs du taro. Dans cet article nous vous présentons Sakopo TIALETAGI, Futunien qui s’est installé sur Wallis à ses 21ans, connaisseur des différentes techniques de plantations de taro.

Bonjour, peux-tu te présenter ? quel âge as-tu ?

Je m’appelle Sakopo TIALETAGI, j’ai 63 ans et je suis né à Futuna, je suis arrivé à Wallis à l’âge de 21 ans et j’y ai fondé ma famille. Depuis je vis ici sur Wallis et je me suis adapté à l’agriculture traditionnelle de Wallis

En tant qu’agriculteur expérimenté, y-a-t-il différentes manières traditionnelles de planter le taro ?

Il y en a 2 principalement le « to luoki » et le « to laga ». Le principe dans les deux cas est de ramollir la terre là où le plan ou le rejet sera planté.

Pour le to Luoki, avec la barre à mine on ramollit la terre, et soit nous creusons à la main soit nous utilisons un gros bois taillé pour crée un trou. Dés que c’est fait nous plantons.

Le to laga c’est plus simple, Avec la barre à mine nous travaillons un point de terre et nous plantons le plant de taro à l’aide de la barre à mine. 

Dis comme ça, on dirait que l’on peut planter n’importe où !

Non, tout de même pas, je conseille de choisir un lieu qui a été laissé au moins 2 ans en jachère pour être sûr que la terre soit assez riche en nutriments pour le plant de taro

J’ai également eu le malheur de planter dans un lieu où l’eau de pluie s’accumule, on dit que le lieu est « vaitukua ». Ce type de terrains n’est pas forcément bon pour l’espèce de taro que je plante.

D’ailleurs combien d’espèces de taro cultives tu ?

Je n’en cultive qu’une, le « talo uli ». J’ai essayé les nouvelles espèces, c’est vrai que leur cycle court présente des avantages. On récolte plus rapidement, on arrive à répondre plus facilement à la demande et on gagne plus d’argent. Mais le gout du taro n’est pas là, je ne retrouve pas le gout du talo uli. Du coup j’ai choisi de ne planter que cette espèce.

D’ailleurs étant futunien, je ne suis pas grand connaisseur des différentes espèces ici sur Wallis mais j’ai encore en mémoires beaucoup d’espèces de Futuna. Les variétés futuniennes ont d’ailleurs meilleurs goûts. (Rires)

Tu m’as parlé de gagner de l’argent avec le taro, est ce que tu en vis ?

Oui mais je ne vends plus beaucoup, il m’arrive de vendre avec la mission de colportage de la CCIMA, parfois aux personnes qui on en besoin pour les coutumes mais à mon âge je cultive plus pour ma consommation personnelle. Je préfère laisser la vente aux générations les plus jeunes.

Que penses tu alors des nouvelles générations ? par rapport à l’agriculture traditionnelle penses tu qu’ils vont l’abandonner ou la faire perdurer ?

Je reste positif par rapport à notre jeunesse. Elle ne semble pas s’intéresser au travail de la terre. Mais quand il se rendrons compte qu’il n’y a rien d’autre comme solution pour vivre, il se mettront au travail, à la culture de la terre comme des générations avant eux.

Sakopo, je te remercie pour ces quelques minutes de partage de tes connaissances et de ce message positif.